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PANDORE.

Mille plaisirs divers ! je te les dois tous.

PROMÉTHÉE.

Pandore, ton cœur battait à l’approche du soleil levant, de la lune au ciel errante, et dans les baisers de tes compagnes tu goûtais la plus pure félicité.

PANDORE.

Inexprimable.

PROMÉTHÉE.

À la danse, qu’est-ce qui faisait bondir ton corps léger sur la terre ?

PANDORE.

La joie. Lorsque mes membres, animés par le chant et la musique, se mouvaient, se balançaient, je me noyais tout entière dans la mélodie.

PROMÉTHÉE.

Et tout cesse enfin dans le sommeil, le plaisir aussi bien que la douleur. Tu as senti la flamme du soleil, l’ardeur de la soif, la fatigue de tes genoux ; tu as pleuré sur ta brebis perdue, et lorsque, dans le bois, une épine te blessa le talon, comme tu gémis et tremblas avant que je te guérisse !

PANDORE.

Mon père, il y a dans la vie bien des joies et des douleurs !

PROMÉTHÉE.

Et tu sens, dans ton cœur, qu’il est encore beaucoup de plaisirs, beaucoup de souffrances, que tu ne connais pas.

PANDORE.

Oui ! oui !… Souvent, hélas ! mon cœur se sent attiré partout… et nulle part.

PROMÉTHÉE.

Pandore, il est un moment qui accomplit tout ce que nous avons désiré, rêvé, espéré, redouté… C’est la mort !

PANDORE.

La mort ?

PROMÉTHÉE.

Lorsque, tout ébranlée dans la dernière profondeur de ton être, tu sens tout ce que la joie et la douleur t’ont jamais fait éprouver, ton cœur se gonfle dans l’orage, il ve