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DEUX HOMMES.
LE PREMIER.

Tu ne prendras pas une seule de mes chèvres ! Elles sont à moi !

LE SECOND.

Comment cela !

LE PREMIER.

Hier j’ai couru jour et nuit la montagne ; à la sueur de mon corps, je les ai prises vivantes ; je les ai gardées cette nuit, enfermées ici avec des pierres et des branches.

LE SECOND.

Eh bien, donne-m’en une ! Hier, moi aussi j’en ai tué une ; je l’ai rôtie au feu, et mangée avec mes frères. Une seule te suffit aujourd’hui : nous en prendrons d’autres demain.

LE PREMIER.

N’approche pas de mes chèvres !

LE SECOND.

Allons donc !… (le premier veut repousser le second, qui le frappe et le renverse, prend une chèvre et s’en va.)

LE PREMIER.

Violence ! Malheur ! malheur !

PROMÉTHÉE, accourant

.

Qu’y a-t-il ?

L’HOMME.

Il me vole ma chèvre !… Le sang coule de ma tête… Il m’a blessé contre cette pierre.

PROMÉTHÉE.

Prends à l’arbre ce champignon, et l’applique sur ta blessure.

L’HOMME.

Vraiment !… Bon père, je souffre déjà moins.

PROMÉTHÉE.

Va te laver le visage.

L’HOMME.

Et ma chèvre ?

PROMÉTHÉE.

Laisse cet homme. Si sa main se lève contre chacun, la main