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Il pique des deux, court au hasard, et galope de tous côtés, par ici, par là, il va, il vientj*le cavalier ne trouve aucun repos ; sept jo u rs et sept nuits, il chevauche ; la foudre brillé, il tonne, Forage éclate, les flots débordent. Et il court, à la lueur des éclairs, pour gagner des murailles ; il attache dehors son-cheval et rampe au dedans, et s ’abrite contre la pluie, et comme il tâtonne et comme il cherche, la terre s ’enfonce sous lui ; il tombe bien de cent toises. Et quand il s ’est remis de sa chute, il voit glisser trois petites lumières. 11 se relève et se traîne après ; les lumières s ’éloignent, régarent en tout sens, le font monter, descendre les degrés par d’étroits passages, en des caveaux ruinés, déserts. Tout à coup il se trouve dans-une haute salle ; il voit cent convives à table ; les yeux caves, ils ricanent tous ensemble, et, par gestes, le convient à la fête. 11 voit là bas son petit trésor, vêtue de blancs linceuls ; elle tourne la tête....

Le roi des Aunes.

Qui chevauche si tard à travers le vent et la nuit ? C’est le père avec son enfant. Il porte l ’enfant dans ses bras, il le tient ferme, il le réchauffe. « Mon fils, pourquoi cette peur, pourquoi te cacher ainsi le visage ? — Père, ne vois-tu pas le roi des aunes, le roi des aunes, avec sa couronne et ses longs cheveux ? — Mon fils, c’est un brouillard qui traîne. — Viens, cher enfant, viens avec moi ! Nous jouerons ensemble à de si jolis jeux ! Maintes fleurs émaillées brillent sur la rive ; ma mère a maintes robes d’or. — Mon père, mon père, et tu n’entends pas ce que le roi des aunes doucement me promet ? — Sois tranquille, reste tranquille, mon enfant : c’est le vent, qui murmure dans les feuilles sèches. — Gentil enfant, veux-tu me suivre ? Mes filles auront grand

1. Le titre de cette pièce célèbre que, selon Viehoff, il faudrait traduire par le Roi des Sylphes, a été le sujet de savants commentaires que nous ne pouvons reproduire ici. Quelle que soit l'étymologie du mot Erl, Goethe paraît avoir eu en vue les aunes, arbres sacrés chez les Germains. 62

POÉSIES.