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Si un nouveau-né agite ses mains innocentes, qu’on le tourne aussitôt vers le soleil ; que l’on plonge le corps et l’esprit dans le bain de feu. Chaque matin, il sentira la grâce.

Remettez au vivant les morts ; couvrez même les animaux de terre amoncelée ; et, autant que vos forces y pourront suffire, ce qui vous paraît impur, couvrez-le.

Labourez votre champ avec une soigneuse propreté, afin que le soleil se plaise à luire sur votre travail ; si vous plantez des arbres, que ce soit à la file, car le soleil féconde ce qui est bien ordonné.

Faites aussi que, dans les canaux, l’eau puisse couler toujours libre et pure. Comme le Senderoud[1] jaillit à flots purs des montagnes, qu’il soit pur jusqu’au terme de sa course.

Pour que la chute paisible de l’eau ne soit pas ralentie, nettoyez assidûment les fossés ; et les joncs, les roseaux et les molges et les salamandres, engeance informe, extirpez tout à la fois.

Quand vous aurez purifiez la terre et l’eau, le soleil brillera volontiers dans les airs, où, reçu dignement, il sèmera la vie et donnera à la vie progrès et santé.

Vous, de travail en travail, ainsi martyrisés, prenez courage : l’univers est désormais purifié, et l’homme peut hasarder, comme prêtre, de tailler dans la pierre l’image de Dieu.

Où brûle la flamme, reconnaissez-le avec joie : la nuit est claire et souples sont les membres ; à la vive flamme du foyer, cuisent les sucs des animaux et des plantes.

Si vous apportez du bois, faites-le avec joie, car vous portez les éléments du soleil terrestre. Si vous cueillez le pambeh[2], vous pouvez dire entre vous : « Il sera la mèche qui portera le saint. »

Si vous reconnaissez pieusement dans la flamme de chaque lampe le reflet d’une plus haute lumière, jamais un sort funeste ne vous empêchera de révérer, le matin, le trône de Dieu.

C’est le sceau royal de notre existence, pour nous et les

  1. Rivière, dont la source est à trois journées d’Ispahan.
  2. Le coton.