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562 DIVAN.

mère. Voici enfin le moment de juger, et ce qui peut seul te délivrer des chaînes de la foi, c’est la raison, à laquelle tu as déjà renoncé.


Que l’on ait la manie française, anglaise, italienne ou allemande, les uns comme les autres veulent uniquement ce qu’exige leur amour-propre.

Car on n’avoue jamais ni plusieurs ni personne, si cela n’est utile, le jour où l’on voudrait soi-même paraître quelque chose.

Que demain le bien trouve donc ses amis favorablement disposés, pourvu que le mal ait encore aujourd’hui place et faveur entière.

Celui qui ne sait pas se rendre compte de trois mille ans, qu’il reste sans expérience dans les ténèbres et vive au jour le jour.


Autrefois, quand on citait le saint Coran, on indiquait le chapitre et le verset, et chaque musulman sentait, selon son devoir, sa conscience en respect et en repos. Aujourd’hui les derviches ne savent faire autre chose que bavarder sur l’ancien et sur le nouveau. Le désordre augmente chaque jour. Ô saint Coran ! Ô repos éternel !

Le prophète (parle).

Si quelqu’un est fâché qu’il ait plu à Dieu d’accorder à Mahomet bonheur et protection, qu’il fixe à la plus forte poutre de sa maison une corde solide et qu’il s’y attache ! Cela tient, cela porte : il sentira sa colère s’apaiser.

Timour (parle).

Eh quoi ! prêtres menteurs, vous blâmez le puissant orage de l’orgueil ? Si Allah m’avait destiné à être un ver, il m’aurait créé ver.