Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome I.djvu/566

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



USCHK NAMEH.
LIVRE DE L’AMOUR.


Dis-moi ce que mon cœur désire ?
Mon cœur est près de toi : ne le dédaigne pas.



Modèles.

Écoute et garde en ta mémoire six couples d’amants. La description enflamme[1], l’amour attise : Roustan et Rodavou. Inconnus, ils sont unis : Joussouf et Souleika. Amour sans faveurs d’amour : Ferhad et Schirin. Vivant l’un pour l’autre uniquement : Medschnoun et Leila. Il eut des regards d’amour dans sa vieillesse, Dschemil pour Boteinah. Doux caprice d’amour, Salomon et la brune[2]. Les as-tu bien observés, tu as profité en amour.

Un couple encore.

Oui, aimer est une grande vertu. Qui trouvera un plus précieux avantage ? Cela ne donne ni la puissance ni la richesse, cependant cela rend égal aux plus grands héros. Aussi bien que du prophète, on parlera de Vamik et d’Asra… On n’en parlera pas, on les nommera. Chacun doit connaître leurs noms. Ce qu’ils ont fait, ce qu’ils furent, nul ne le sait. Ils ont aimé, voilà ce que nous savons. C’est en dire assez, si l’on s’informe de Vamik et d’Asra.

  1. Il n’est pas rare en Orient que la description qu’on fait d’une personne absente inspire un amour passionné. Voyez, dans le Commentaire, l’histoire de Pietro della Valle.
  2. « Je suis brune, mais je suis belle. » (Cant. des Cant. ch., v. 4)