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Désormais, dans toutes les phases de la vie, il faut que vous puissiez jouir.

Et, avec ce chant et ce circuit, Hafiz, nous revenons à toi ; car, l’accomplissement de la journée, il est beau d’en jouir avec ceux qui jouissent.

Le chant et l’image.

Que le Grec pétrisse et façonne l’argile ; qu’il soit ravi en extase devant l’œuvre de ses mains.

Notre volupté, c’est de nous élancer dans l’Euphrate, de nager à l’aventure dans l’élément liquide.

Si j’apaise ainsi l’ardeur de mon âme, un chant va retentir ; que le poëte la puise d’une main pure, l’onde en globe va s’arrondir[1].

Audace.

À quoi tient-il en tout lieu que l’homme trouve la santé ? Chacun aime à entendre le bruit qui se module en harmonie.

Arrière tout ce qui trouble ta course ! mais point de tendance funèbre ! Avant qu’il chante, avant qu’il cesse, le poëte doit vivre.

Ainsi les retentissements de la vie feront vibrer son âme. Si le poëte sent son cœur oppressé, lui-même il s’apaisera.

Vigoureux et hardi.

Faire des vers est d’un présomptueux ! Que nul ne me blâme ; ne craignez pas d’être bouillants, joyeux et libres comme moi !

Si la fatigue de chaque heure me semblait amère, je serais modeste aussi, et même plus que vous.

Car la modestie est charmante chez la jeune fille en fleur ; elle veut être poursuivie avec délicatesse, celle qui fuit l’homme grossier.

Elle est bonne aussi, la modestie, dans la bouche de l’homme sage, qui peut m’instruire sur le temps et l’éternité.

Faire des vers est d’un présomptueux ! J’en fais volontiers dans la solitude. Amis et femmes d’humeur vive, entrez aussi sans gêne.

  1. Comparez la légende du Paria, page 87.