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Il va, il va, le petit pied ; et moi, je pense à la jambe arrondie ; à la jarretière aussi je pense ; c’est moi qui l’ai donnée à la chère fillette.

Et la mignonne porte à ses lèvres le fil délié : oh ! si j’étais à la place du fil, quel baiser je donnerais à la fillette !

Plaisir et peine.

Jeune pêcheur, j’étais assis sur le rocher noir dans la mer, et, préparant des dons perfides, je chantais, guettant alentour ; l’hameçon se balançait, amorçait au fond de l’eau. Vite un petit poisson passe et le gobe. Et, tout joyeux, je chante avec malice, et le petit poisson est attrapé.

Hélas ! sur le bord, à travers les campagnes, au fond du bocage ou soufflait la brise, je suivis la trace d’un soulier…. et la bergère était seule. On baisse les yeux, la parole manque…. Comme se ferme un couteau, elle me saisit par les cheveux, et voilà le petit drôle attrapé !

Dieu sait pourtant avec quel berger elle se promène encore ! Il faut mettre ma ceinture pour descendre à la mer, si fort que le vent souffle et gronde. Souvent, si je plains les poissons, petits et gros, qui dans le filet frétillent, ah ! je voudrais bien encore, encore, être enlacé dans ses bras !

Mars.

Il est tombé de la neige, car ce n’est pas le temps encore où par toutes les fleurettes, où par toutes les fleurettes, nous serons réjouis.

Le soleil nous abuse d’un éclat doux et trompeur ; l’hirondelle même est menteuse, l’hirondelle même est menteuse. Pour quoi donc ?… Seule elle vient !

Devrais-je seul me réjouir, quand même le printemps approche ? Mais, si nous venons à deux, mais, si nous venons à deux, l’été sera bientôt là.

Réponses à des questions faites dans un jeu de société[1].

La dame. Dites ce qui réjouit un cœur de femme dans le

  1. Ces couplets devaient faire partie d’un opéra, et les questions, qui auraient précédé les réponses, les auraient rendues plus claires. La question à laquelle