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CHANSONS[1].


Le soir répète les chants du matin : bonheur et malheur deviennent mélodie.


Scrupule[2].

Que les bégaiements de l’amour, mis par écrit, ont l’air étrange ! Et maintenant, il faut même que je recueille de maison en maison toutes ces feuilles éparses.

Ce qui était séparé dans la vie par de longs intervalles arrive aujourd’hui, sous une seule couverture, dans la main du bon lecteur.

Mais ne rougis pas de ces défauts ; achève promptement le petit ouvrage[3] : le monde est plein de contradictions, et un livre ne devrait pas se contredire ?…

Aux lecteurs bienveillants.

Les poëtes n’aiment pas à se taire ; ils veulent se montrer à la foule. Il faut bien qu’on loue et qu’on blâme ! Nul ne se confesse

  1. Lied et, au pluriel, Lieder, n’a proprement point d’équivalent en français ; c’est un court poëme lyrique, où domine la grâce, et qui est destiné à être chanté : on voit du moins qu’il peut avoir beaucoup de rapport avec la chanson. Plusieurs de celles de Béranger : Si j’étais petit oiseau, l’Exilé, ma Nacelle, etc., etc., et bien d’autres chansons et chansonnettes françaises, seraient des Lieder en Allemagne.
  2. Littéralement, « avant-plainte, » comme nous disons « avant-propos. »
  3. Les Lieder, publiés séparément, ne formaient en effet qu’un très-petit volume.