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tier de tisserand, où un mouvement du pied agite des milliers de fils, où la navette monte et descend sans cesse, où les fils glissent invisibles, où mille nœuds se forment d’un seul coup : le philosophe entre ensuite, et vous démontre qu’il doit en être ainsi : le premier est cela, le second cela, donc le troisième et le quatrième cela ; et que, si le premier et le second n’existaient pas, le troisième et le quatrième n’existeraient pas davantage. Les étudiants de tous les pays prisent fort ce raisonnement, et aucun d’eux pourtant n’est devenu tisserand. Qui veut reconnaître et détruire un être vivant commence par en chasser l’âme : alors, il en a entre les mains toutes les parties ; mais, hélas ! que manque-t-il ? rien que le lien intellectuel. La chimie nomme cela encheiresin naturæ ; elle se moque ainsi d’elle-même, et l’ignore.

L’ÉCOLIER.

Je ne puis tout à fait vous comprendre.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cela ira bientôt beaucoup mieux, quand vous aurez appris à tout réduire et à tout classer convenablement.

L’ÉCOLIER.

Je suis si hébété de tout cela, que je crois avoir une roue de moulin dans la tête.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Et puis il faut, avant tout, vous mettre à la métaphysique : là, vous devrez scruter profondément ce qui ne convient pas au cerveau de l’homme ; que cela aille ou n’aille pas, ayez toujours à votre service un mot technique. Mais d’abord, pour cette demi-année, ordonnez votre temps le plus régulièrement possible. Vous avez par jour cinq heures de travail ; soyez ici au premier coup de cloche, après vous être préparé toutefois, et avoir bien étudié vos paragraphes, afin d’être d’autant plus sûr de ne rien dire que ce qui est dans le livre ; et cependant, ayez grand soin d’écrire, comme si le Saint-Esprit dictait.