Mon bon monsieur, c’est que vous voyez tout, justement comme on le voit d’ordinaire ; il vaut mieux bien prendre les choses avant que les plaisirs de la vie vous échappent pour jamais. — Allons donc ! tes mains, tes pieds, ta tête et ton derrière t’appartiennent sans doute ; mais ce dont tu jouis pour la première fois t’en appartient-il moins ? Si tu possèdes six chevaux, leurs forces ne sont-elles pas les tiennes ? tu les montes, et te voilà, homme ordinaire, comme si tu avais vingt-quatre jambes. Vite ! laisse là tes sens tranquilles, et mets-toi en route avec eux à travers le monde ! Je te le dis : un bon vivant qui philosophe est comme un animal qu’un lutin fait tourner en cercle autour d’une lande aride, tandis qu’un beau pâturage vert s’étend à l’entour.
Comment commençons-nous ?
Nous partons tout de suite, ce cabinet n’est qu’un lieu de torture : appelle-t-on vivre, s’ennuyer, soi et ses petits drôles ? Laisse cela à ton voisin la grosse panse ! À quoi bon te tourmenter à battre la paille ? Ce que tu sais de mieux, tu n’oserais le dire à l’écolier. J’en entends justement un dans l’avenue.
Il ne m’est point possible de le voir.
Le pauvre garçon est là depuis longtemps, il ne faut pas qu’il s’en aille mécontent. Viens ! donne-moi ta robe et ton bonnet ; le déguisement me siéra bien. (Il s’habille.) Maintenant, repose-toi sur mon esprit ; je n’ai besoin que d’un petit quart d’heure. Prépare tout cependant pour notre beau voyage.
Méprise bien la raison et la science, suprême force de