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Le soleil avait reparu tout entier : les âmes qui n’étaient pas nées se dirigèrent vers la terre, et le génie les y suivit. Et, à mesure qu’elles approchaient de notre globe, un long flot d’harmonie traversait l’espace azuré. Ainsi, lorsque, pendant les nuits d’hiver, les blancs cygnes voyagent vers des climats plus doux, ils ne laissent sur leur passage qu’un murmure mélodieux.

Le monstrueux serpent, tel que l’immense courbe que trace une bombe enflammée, retira à lui ses anneaux en se repliant sur la terre ; ce ne fut plus bientôt dans l’espace qu’une couronne foudroyante ; puis, ainsi qu’une trombe va se briser sur le vaisseau qu’elle menaçait, il s’abattit avec bruit, déroula de toutes parts ses mille orbes et ses mille plis, et en enveloppa à la fois tous les peuples du monde. Et le glaive du jugement s’agita de nouveau ; mais l’écho du voyage harmonieux des âmes vibrait encore dans les airs.



LE BONHEUR DE LA MAISON

Par Jean-Paul Richter.

(Fragment.)


… Quelques mois s’écoulèrent ainsi, au bout desquels mon oncle se trouva forcé de faire un voyage d’assez long cours, pour recueillir les débris de sa fortune : il le différa autant qu’il put, car il n’avait jamais quitté, depuis sa sortie du séminaire, son village enfoui au milieu des bois comme un nid d’oiseau, et il lui en coûtait beaucoup pour se séparer de son presbytère aux murailles blanches, aux contrevents verts, où il avait caché sa vie aux yeux méchants des hommes. En partant, il remit entre les mains de Berthe, afin de subvenir à l’entretien de la maison pendant son absence, une petite bourse de cuir assez