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nir, dans cette nuit de nouvelle année, le spectre s’avançait à lui sous ses traits de jeune homme.

C’en est trop pour l’infortuné !… il cache son visage dans ses mains, des torrents de larmes en ruissellent ; quelques faibles soupirs peuvent à peine s’exhaler de son âme désespérée. « Reviens, dit-il, ô jeunesse, reviens ! »

Et la jeunesse revint, car tout cela n’était qu’un rêve de nouvel an : il était dans la fleur de l’âge, et ses erreurs seules avaient été réelles. Mais il rendit grâces à Dieu de ce qu’il était temps encore pour lui de quitter le sentier du vice et de suivre le chemin glorieux de la vertu, qui seul conduit au bonheur.

Fais comme lui, jeune homme, si comme lui tu t’es trompé de voie, ou ce rêve affreux sera désormais ton juge ; mais, si tu devais un jour t’écrier douloureusement : « Reviens, jeunesse, reviens !… » elle ne reviendrait pas.



L’ÉCLIPSE DE LUNE

Épisode fantastique, par Jean-Paul Richter.


Aux plaines de la lune éclatante de lis, habite la mère des hommes, avec ses filles innombrables, dans la paix de l’éternel amour. Le bleu céleste qui flotte si loin de la terre repose étendu sur ce globe, que la poussière des fleurs semble couvrir d’une neige odorante. Là règne un pur éther que ne trouble jamais le plus léger nuage. Là demeurent de tendres âmes que la haine n’a jamais effleurées. Comme on voit s’entrelacer les arcs-en-ciel d’une cascade, ainsi l’amour et la paix les confondent toutes en une même étreinte. Mais, quand dans le silence des nuits notre globe vient à se montrer étincelant et suspendu sous les étoiles, alors toutes les âmes qui déjà l’ont habité dans la douleur et dans la joie, pénétrées d’un tendre regret et d’un doux souvenir, abaissent leurs regards vers ce