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que l’oubli descende sur lui : qu’il reploie ses lourdes ailes et sommeille sur sa poussière !

Les cordes qui frémissent du nom d’Hermann seraient souillées si elles répétaient le nom du traître, même pour l’accuser.

Hermann ! Hermann ! Les bardes font retentir de ton nom l’écho des forêts mystérieuses ; toi, si cher à tous les nobles cœurs ! toi, le chef des braves, le libérateur de la patrie !

Ô bataille de Winsfeld, sœur de la bataille de Cannes, je t’ai vue les cheveux épars et sanglants, le feu de la vengeance dans les yeux, apparaître parmi les harpes du Valhalla !

Le fils de Drusus voulait en vain effacer les traces de ton passage en cachant dans la vallée de la mort les blancs ossements des vaincus…

Nous ne l’avons pas voulu, et nous avons bouleversé leurs sépulcres, afin que ces débris témoignent d’un si grand jour et qu’aux fêtes du printemps ils entendent nos chants de victoire !

Il voulait, notre héros, donner encore des sœurs à Cannes, à Varus des compagnons de mort ! sans les princes et leur lenteur jalouse, Cœcina eût déjà rejoint son chef Varus.

Il y avait dans l’âme d’Hermann une pensée plus grande encore… Près de l’autel de Thor, à minuit, environné de chants de guerre, il se recueillit dans son âme et résolut de l’accomplir.

Et il y pensait parmi vos divertissements, pendant cette danse hardie des épées dont notre jeunesse se fait un jeu.

Le rocher vainqueur des tempêtes raconte qu’il est une montagne dans l’Océan du Nord qui annonce longtemps, par des tourbillons de fumée, qu’elle vomira de hautes flammes et d’immenses rochers ! …

Ainsi Hermann préludait par ses premiers combats à franchir les Alpes neigeuses, et à s’en aller descendre dans les plaines de Rome ;