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le contour. Notre analyse encadre et explique ensuite les dernières parties, où Faust, affaibli et cassé, mais toujours ardent à vivre, s’attache à la terre avec l’âpreté d’un vieillard, et, revenu de son mépris des hommes, tente d’accomplir en quelques années tous les progrès que la science et le génie rêvent encore pour la gloire des âges futurs. Malheureusement, un esprit qui s’est séparé de Dieu ne peut rien pour le bonheur des hommes, et le malin esprit tourne contre lui toutes ses entreprises. Le royaume magique qu’il a conquis sur les flots, et où il a réalisé ses rêves philanthropiques, s’engloutira après lui, et le dernier travail qu’il fait faire est, sans qu’il le sache, sa fosse creusée par les lémures. Toutefois, ayant accompli toutes ses pensées, et n’ayant plus un seul désir, le vieux docteur entend sans effroi sonner sa dernière heure, et son aspiration suprême tend à Dieu, qu’il avait oublié si longtemps. Son âme échappe donc au diable, et l’auteur semble donner pour conclusion que le génie véritable, même séparé longtemps de la pensée du ciel, y revient toujours, comme au but inévitable de toute science et de toute activité.

En terminant cette appréciation des deux poëmes de Gœthe, nous regrettons de n’avoir pu y répandre peut-être toute la clarté désirable. La pensée même de l’auteur est souvent abstraite et voilée comme à dessein, et l’on est forcé alors d’en donner l’interprétation plutôt que le sens. C’est ce défaut capital, surtout pour le lecteur français, qui nous a obligé de remplacer par une analyse quelques parties accessoires du nouveau Faust. Nous avons tenté d’imiter, en cela du moins, la réserve et le goût si pur de M. le comte de Saint-Aulaire, le premier traducteur de Faust, qui avait élagué, dans son travail sur la première partie, quelques scènes de sorcellerie, ainsi que l’inexplicable intermède de la Nuit du sabbat.