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SCHILLER

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LA CHANSON DE LA CLOCHE


« Le moule d’argile s’est affermi dans la terre qui l’environne : aujourd’hui, la cloche doit naître. Compagnons, vite au travail ! Que la sueur baigne vos fronts brûlants !… L’œuvre honorera l’ouvrier, si la bénédiction d’en haut l’accompagne. »

Mêlons des discours sérieux au travail sérieux que nous entreprenons ; de sages paroles en adouciront la peine. Observons attentivement le noble résultat de nos faibles efforts : honte à l’être stupide qui ne peut pas comprendre l’ouvrage de ses mains ! C’est le raisonnement qui ennoblit l’homme, en lui dévoilant le motif et le but de ses travaux.

« Prenez du bois de sapin bien séché : la flamme en sera chassée dans les tubes avec plus de violence. Qu’un feu actif précipite l’alliage du cuivre et de l’étain, afin que le bronze fluide se répande ensuite dans le moule. »

Cette cloche, qu’à l’aide du feu nos mains auront formée dans le sein de la terre, témoignera souvent de nous dans sa haute demeure. Elle va durer bien des jours, ébranler bien des oreilles, soit qu’elle se lamente avec les affligés, soit qu’elle unisse ses accents à ceux de la prière : tout ce que l’inconstante destinée réserve aux mortels, elle le racontera de sa bouche d’airain.

« Des bulles d’air blanchissent la surface. Bien ! la masse devient mobile. Laissons-la se pénétrer du sel alcalin qui en doit faciliter la fusion : il faut que le mélange se