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vers le bosquet le plus voisin, et regarde l’aigle avec un air de complaisance et d’amitié :

« Tu es triste ! ami, reprends courage : n’as-tu pas autour de toi tout ce qu’il faut pour un bonheur tranquille ? Des rameaux d’or te protégent contre les feux du jour ; tu peux, sur la tendre mousse qui borde le ruisseau, exposer ta poitrine aux rayons du couchant. Tu promèneras tes pas parmi les fleurs couvertes d’une fraîche rosée ; ce bois t’offrira une nourriture délicate et abondante, ce ruisseau pur apaisera ta soif… Ô mon ami ! le vrai bonheur est dans la modération, et la modération trouve partout ce qu’il lui faut. — Ô sage ! s’écria l’aigle en retombant sur lui-même avec une douleur plus sombre ; ô sagesse ! tu parles bien comme une colombe ! »



LE CHERCHEUR DE TRÉSORS


Pauvre d’argent, malade de cœur, je traîne ici des jours bien longs ; la misère est le plus grand des maux, la richesse le premier des biens ! Il faut que je mette fin à mes peines, que je découvre un trésor… dussé-je pour cela sacrifier mon âme et signer ma perte avec mon sang !

Et je me mis à tracer des cercles et des cercles encore : une flamme magique les parcourut bientôt ; alors, je mêlai ensemble des herbes et des ossements, et le mystère fut accompli. Je creusai la terre à la place indiquée par les flammes, sûr d’y rencontrer un vieux trésor… La nuit autour de moi était noire et orageuse.

Et je vis une lumière de loin ; c’était comme une étoile qui s’avançait du bout de l’horizon : minuit sonna, elle se rapprocha de plus en plus, et je distinguai bientôt que cette clarté éblouissante était produite par une coupe enchantée que portait un bel enfant.

Des yeux d’une douceur infinie étincelaient sous sa couronne de fleurs ; il entra dans mon cercle magique,