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Le frère se tait : il tire de sa poche la lettre de séparation, enveloppée de soie rouge, qui renvoie l’épouse à sa mère, et la laisse libre de se donner à un autre.

L’épouse, après avoir connu ce triste message, baise au front ses deux fils, ses deux filles aux joues ; mais, hélas ! au moment de quitter son dernier enfant encore à la mamelle, sa douleur redouble et elle ne peut faire un pas.

Le frère, impatient, l’enlève, la met en croupe sur son cheval, et se hâte, avec cette femme éplorée, vers la demeure de ses pères.

Peu de temps s’était écoulé, pas encore sept jours, mais c’était bien assez, que déjà plusieurs nobles s’étaient présentés pour consoler notre veuve et la demander en mariage.

Et même le puissant cadi d’Imoski ; et la femme fit en pleurant cette prière à son frère : « Je t’en conjure par ta vie, ne me donne pas à un autre époux, de peur qu’ensuite la vue de mes pauvres enfants ne me brise le cœur. »

Le frère ne s’émut point de ces paroles, décidé à la donner au cadi d’Imoski ; mais la vertueuse femme le supplia enfin pour toute grâce d’envoyer au cadi un billet qui contenait ces mots : « La jeune veuve te salue amicalement, et, par la présente lettre, te supplie avec respect que, lorsque tu viendras accompagné de tes esclaves, tu lui apportes un long voile, afin qu’elle s’en enveloppe en passant devant la maison d’Azan, et qu’elle ne puisse pas y voir ses enfants chéris. »

À peine le cadi eut-il lu cet écrit, qu’il assembla tous ses esclaves, et se prépara à aller au-devant de la veuve avec le voile qu’elle demandait.

Il arriva heureusement à la demeure de la princesse, elle en ressortit heureusement avec lui. Mais, lorsqu’elle passa devant la maison d’Azan, les enfants reconnurent leur mère, et l’appelèrent ainsi : « Reviens, reviens dans ta maison ! viens manger le pain du soir avec tes enfants ! » L’épouse d’Azan fut tout émue de ces paroles, elle se tourna vers le prince : « Permets que les esclaves et les