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assez, puisque les sept sont ici ; » et pria les autres de prendre leur congé, ce qui fut fait.

Lors le docteur Fauste leur demanda qu’ils se fissent voir en essai pour voir ce qu’il en arriverait, et alors ils se changèrent l’un après l’autre, comme ils avaient fait auparavant en toute sorte de bêtes, aussi en gros oiseaux, en serpents et en bêtes de rapine à quatre et à deux pieds. Cela plut bien au docteur Fauste, et leur dit si lui aussi le pourrait davantage. Ils dirent oui, et lui jetèrent un petit livre de sorcellerie, et qu’il fît aussi son essai, ce qu’il fit de fait. Toutefois, le docteur Fauste ne put pas faire davantage. Et devant qu’eux aussi voulussent prendre congé, il leur demanda qui avait fait les insectes. Ils dirent : « Après la faute des hommes ont été créés les insectes, afin que ce fût pour la punition et honte des hommes ; et nous autres ne pouvons tant, que de faire venir force insectes, comme d’autres bêtes. » Lors tout incontinent apparurent, au docteur Fauste, dans son poêle ou étuve, toute sorte de tels insectes, comme fourmis, lézards, mouches bovines, grillons, sauterelles et autres. Alors, toute la maison se trouva pleine de cette vermine. Toutefois, il était fort en colère contre tout cela, transporté et hors de son sens ; car, entre autres de tels reptiles et insectes, il y en avait qui le piquaient comme fourmis ; les bergails le piquaient, les mouches lui couraient sur le visage, les puces le mordaient, les taons ou bourdons lui volaient autour. Tant qu’il en était tout étonné, les poux le tourmentaient en la tête et au cou, les araignées lui filaient de haut en bas, les chenilles le rongeaient, les guêpes l’attaquaient. Enfin il fut tout partout blessé de toute cette vermine, tellement qu’on pourrait bien dire qu’il n’était encore qu’un jeune diable, de ne se pouvoir pas défendre de ces bestions. Au reste, le docteur Fauste ne pouvait pas demeurer dans lesdites étuves ou poêles ; mais, d’abord qu’il fut sorti du poêle, il n’eut plus aucune plaie, et n’y eut plus de tels fantômes autour de lui, et tous disparurent, s’étant dévorés l’un l’autre vivement, et avec promptitude.