Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Hélas ! déploration !… Qui me délivrera ? où m’irai-je cacher ? où fuirai-je ?… Or, je suis où j’ai voulu être ; je suis pris ! »

Sur un tel regret ci-dessus récité, il apparut à Fauste son esprit Méphistophélès, qui vint à lui et l’attaqua par ses discours injurieux, de reproche et de moquerie.


Comment le docteur Fauste fut en enfer.

Le docteur Fauste s’ennuyait si fort, qu’il songeait et rêvait toujours de l’enfer. Il demanda à son valet Méphistophélès qu’il fît en sorte qu’il pût enquérir son maître Lucifer et Bélial, et allèrent à eux ; mais ils lui envoyèrent un diable qui avait nom Belzebub, commandant sous le ciel, qui vint et demanda à Fauste ce qu’il désirait. Il répond que c’était s’il y aurait quelque esprit qui le pût mener en enfer et le ramener aussi, tellement qu’il pût voir la qualité de l’enfer, son fondement, sa propriété et substance, et s’en retirer ainsi. « Oui, dit Belzebub, je te mènerai environ la minuit, et t’y emporterai. » Comme donc ce fut à la minuit, et qu’il faisait obscur, Belzebub se montra à lui, et avait sur son dos une selle d’ossements, et tout autour elle était fermée, et y monta Fauste là-dessus, et ainsi s’en va de là. Maintenant, écoutez comment le diable l’aveugla et lui fit le tour du singe ; c’est qu’il ne pensait en rien autre chose, sinon qu’il était en enfer.

Il l’emporta en un air le docteur Fauste s’endormit, tout ainsi que quand quelqu’un se met en l’eau chaude ou dedans un bain. Puis, après, il vint sur une haute montagne, au-dessus d’une grande île. De là, les foudres, les poix et les lances de feu éclataient avec un si grand bruit et tintamarre, que le docteur Fauste s’éveilla. Le serpent diabolique faisait de telles illusions, en cet abîme, au pauvre Fauste ; mais Fauste, comme il était tout entouré de feu, comme il lui semblait, c’est qu’il ne trouva pourtant pas aucune roussure ni brûlure ; mais il sentait