lui-même ; mais la main de Méphistophélès l’arrête à ce douloureux spectacle et à cette divine tentation.
Ici commence la seconde partie, dont nous avons donné plus loin l’analyse et fait comprendre la marche logique. Il nous suffit ici d’en relever le dessin général. Du moment que le désespoir d’amour n’a pas conduit Faust à rejeter l’existence ; du moment que la curiosité scientifique survit à cette mort de son cœur déchiré, la tâche de Méphistophélès devient plus difficile, et on l’entendra s’en plaindre souvent. Faust a rafraîchi son âme et calmé ses sens au sein de la nature vivante et des harmonies divines de la Création toujours si belle. Il se résout à vivre encore et à se replonger au milieu des hommes. C’est au point le plus splendide de leur foule qu’il va descendre cette fois. Il s’introduit à la cour de l’empereur comme un savant illustre, et Méphistophélès prend l’habit d’un fou de cour. Ces deux personnages s’entendent désormais sans qu’on puisse le soupçonner. La satire des folies humaines se manifeste ici sous deux aspects, l’un sévère et grand, l’autre trivial et caustique. Aristophane inspire à l’auteur l’intermède de Plutus ; Eschyle et Homère se mêleront à celui d’Hélène. Faust n’a songé tout d’abord qu’à étonner l’empereur et sa cour par sa science et les prestiges de sa magie. L’empereur, toujours plus curieux à mesure qu’on lui montre davantage, demande au docteur s’il peut faire apparaître des ombres. Cette scène, empruntée à la chronique de Faust, conduit l’auteur à ce magnifique développement dans lequel, cherchant à créer une sorte de vraisemblance fantastique aux yeux mêmes de l’imagination, il met à contribution toutes les idées de la philosophie touchant l’immortalité des âmes. Le système des monades de Leibnitz se mêle ici aux phénomènes des visions magnétiques de Swedenborg. S’il est vrai, comme la religion nous renseigne, qu’une partie immortelle survive à l’être humain décomposé, si elle se conserve indépendante et distincte, et ne va pas se fondre au sein de l’âme universelle, il doit exister dans l’immensité des régions ou des planètes, où ces âmes conservent une forme percep-