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renommée, où se trouvaient telles gens qui s’amusaient aux paroles chaldéennes, persanes, arabiques et grecques, aux figures, caractères, conjurations et enchantements, et semblables termes, que l’on peut nommer d’exorcismes et sorcelleries, et les autres pièces ainsi dénommées par exprès les arts dardaniens, les nigromances, les charmes, les sorcelleries, la divination, l’incantation, et tels livres, paroles et termes que l’on pourrait dire. Cela fut très-agréable à Fauste, et y spécula et étudia jour et nuit ; en sorte qu’il ne voulut plus être appelé théologien. Ainsi fut homme mondain, et s’appela docteur de médecine, fut astrologue et mathématicien. Et en un instant il devint droguiste ; il guérit premièrement plusieurs peuples avec des drogues, avec des herbes, des racines, des eaux, des potions, des receptes et des clystères. Et puis après, sans raison, il se mit à être beau diseur, comme étant bien versé dans l’Écriture divine. Mais, comme dit bien la règle de Notre-Seigneur, Jésus-Christ : « Celui qui sait la volonté de son maître et ne la fait pas, celui-là sera battu au double. »

Item : « Nul ne peut servir deux maîtres. »

Item : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »

Fauste s’attira tous ces châtiments sur soi, et mit son âme à son plaisir par-dessus la barrière ; tellement, qu’il se persuada n’être point coupable.


Le serviteur de Fauste.

Le docteur Fauste avait un jeune serviteur qu’il avait élevé quand il étudiait à Wittenberg, qui vit toutes les illusions de son maître Fauste, toutes ses magies et son art diabolique. Il était un mauvais garçon, coureur et débauché, du commencement qu’il vint demeurer à Wittenberg : il mendiait, et personne ne voulait le prendre à cause de sa mauvaise nature. Ce garçon se nommait Christofle Wagner, et fut dès lors serviteur du docteur Fauste : il se tint très-bien avec lui, en sorte que le