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LE CHŒUR.

Icare ! assez de douleurs !


Un beau jeune homme tombe aux pieds des parents ; l’on croit reconnaître dans ce cadavre une figure connue ; mais l’enveloppe matérielle disparaît aussitôt, l’auréole monte comme une comète vers le ciel, les vêtements et le manteau restent sur la terre[1].


HÉLÈNE et FAUST.

De dures souffrances viennent tout de suite après la joie.

EUPHORION, voix venant de la profondeur.

Ne me laissez pas seul, ma mère, dans ce sombre séjour.

Pause.


LE CHŒUR, chant funèbre.


Pas seul ! — Qu’importe où tu séjourneras !
Nous croyons assez te connaître.
Hélas ! si tu quittes le jour,
Nul cœur ne se séparera de toi.
À peine nous osons te plaindre ;
Avec envie nous célébrons ton sort :
Dans le jour ou dans les ténèbres,
L’amour et le courage furent grands en toi !

Hélas ! né pour le bonheur de la terre,
Issu d’aïeux sublimes, doué de tant de force,
Hélas ! trop tôt perdu pour toi-même,
Enlevé dans la fleur de ta jeunesse !…
Un œil d’aigle pour contempler le monde ;
Une âme sympathique à tous les mouvements du cœur,
Ardemment aimé de la meilleure des femmes.
Poëte aux chants incomparables !…

Rien n’a pu l’arrêter, et toi-même.
Tu t’es pris au réseau fatal !
Ainsi, tu t’es brouillé sans crainte
Avec les mœurs et avec la loi.
Pourtant, tu as, par tes rêves sublimes,
Montré ce que valait ton audace si noble ;
Tu voulais remporter le plus beau des triomphes ;
Mais c’est là que tu t’es perdu !

  1. On suppose que cette allégorie se rapporte à Byron.