Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE CHŒUR.

Mais nous ?

PHORKYAS.

Vous le savez clairement ; vous voyez sa mort devant vos yeux ; la vôtre aussi y est comprise : non, vous ne sauriez être sauvées.

HÉLÈNE.

J’ai médité sur ce qu’il y a de plus pressé, sur ce que je dois tenter. Tu es un mauvais génie, je le sens bien, et je le crains. Tu tournes le bien en mal. Mais, avant tout, je veux te suivre au castel ; le reste, je le sais ; ce que la reine peut cacher mystérieusement et profondément en son sein est impénétrable à chacun. Vieille, marche en avant !

LE CHŒUR.


Oh ! que volontiers nous allons,
D’un pied fugitif !
Derrière nous la mort ;
Devant nous du château
Les murs inaccessibles.
Qu’il nous protège aussi bien
Que le château d’Ilion,
Qui pourtant a succombé
Sous une ruse infâme.


Des nuages se répandent, voilent le fond, et, si l’on veut, le voisinage du spectateur.


Comment ? mais comment,
Sœurs, regardez à l’entour !
Le jour n’était-il pas serein ?
Des files de nuages s’étendent,
Sortis des flots sacrés d’Eurotas.
Déjà le regard perd le doux rivage
Couronné partout de roseaux ;
Et aussi les cygnes, libres, gracieux, fiers,
Qui se glissent mollement sur l’eau,
Nageant ensemble avec délices.
Hélas ! je ne les vois plus ;
Mais cependant, cependant.
J’entends encore leurs chants ;
J’entends encore dans le lointain de terribles sons.