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regard charmant comme le monde se déroule devant tes yeux pleins de douceur. Qu’elles m’appellent laide tant qu’elles veulent, je sais aussi ce qui est beau.

HÉLÈNE.

Si je sors en chancelant du vide qui m’entourait dans le vertige, je voudrais cependant encore jouir du repos, car mes membres sont si las ; mais il convient aux reines, il convient à tous les hommes de se posséder et de prendre courage, quelque menaçantes que soient les circonstances.

PHORKYAS.

Es-tu enfin là dans ta grandeur, dans ta beauté ? Ton regard signifie-t-il un ordre ? Quel est-il ? Prononce-le !

HÉLÈNE.

Tenez-vous prête à réparer ce que l’insigne négligence de votre querelle a fait perdre : ayez hâte d’accomplir un sacrifice tel que le roi me l’a commandé.

PHORKYAS.

Tout est prêt dans la maison, la coupe, le trépied, la hache aiguë, tout ce qui est nécessaire pour arroser et pour encenser ; désigne la victime !

HÉLÈNE.

Le roi ne l’a pas indiquée.

PHORKYAS.

Il ne l’a pas prononcé ? mot fatal !

HÉLÈNE.

Quelle douleur s’empare de toi ?

PHORKYAS.

Reine, c’est toi qui es la victime !

HÉLÈNE.

Moi ?

PHORKYAS.

Et celles-ci.