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HÉLÈNE.

Celle qui, en présence de la maîtresse, gronde les servantes usurpe ses droits comme patronne de la maison ; car à elle seule il convient de vanter ce qui est louable, ou même de réprimander tout ce qui mérite blâme.

Aussi suis-je satisfaite des services qu’elles m’ont rendus lorsque la force d’Ilion fut assiégée et succomba, et fut anéantie, non moins que lorsque nous supportâmes les peines communes de la vie errante, où chacun d’ordinaire ne pense qu’à soi. J’attends encore ici pareille chose de ce joyeux, troupeau. Le maître ne demande pas ce qu’est l’esclave, seulement comment il sert. Tais-toi donc, et ne détourne d’elles ni tes regards ni ta figure hideuse. As-tu bien gardé jusqu’ici la maison du roi à la place de la maîtresse de la maison ?

Cela sera ta gloire ; mais, à présent, elle revient elle-même. Retire-toi maintenant, afin de ne pas être punie au lieu d’être louée.

PHORKYAS.

Menacer les habitantes de la maison demeure un droit immense, que l’illustre épouse du souverain comblé des faveurs de Dieu a bien mérité par une sage direction en de longues années. À présent que tu es reconnue et que tu entres de nouveau dans ton ancien rang de reine et de maîtresse de la maison, saisis les rênes relâchées depuis longtemps ; règne et gouverne maintenant ; prends possession du trésor et de nous telles que nous sommes. Mais, avant tout, protége-moi, moi, la plus vieille, contre ce troupeau de filles, qui, près du cygne de ta beauté, semble une bande d’oies criardes mal emplumées.

LA CORYPHÉE.

Que la laideur se montre laide auprès de la beauté !

PHORKYAS.

Que la sottise paraît sotte auprès de la prudence !


À partir de ce vers, les choristes répondent chacune en sortant du chœur.