Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

textes. Je lis donc qu’elle a, en effet, séduit par sa beauté toutes les barbes grises de Troie. Et, comme il me semble, le fait s’accomplit même ici. Je ne suis pas jeune, et cependant elle me plaît.

L’ASTROLOGUE.

Ce n’est plus un jeune homme, c’est maintenant un hardi héros, qui la saisit sans lui laisser la force de se défendre ; il la soulève de son bras puissant. Serait-ce qu’il veut l’enlever ?

FAUST, s’élançant.

Fou ! téméraire ! que fais-tu ? Tu ne m’entends pas ! Arrête ! c’est trop !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cette fantasmagorie est cependant ton ouvrage.

L’ASTROLOGUE.

Un mot seulement. D’après tout ce que j’ai vu, j’appellerais cette scène : l’Enlèvement d’Hélène.

FAUST.

Quel enlèvement ? Suis-je pour rien à cette place ? N’ai-je point dans la main cette clef ? Elle m’a guidé à travers l’épouvante, et le flot et la vague des espaces solitaires, et m’a ramené sur ce terrain solide. Ici, je prends pied ! ici est le domaine du réel, et, d’ici, l’Esprit peut lutter avec les Esprits, et se promettre l’empire du double univers !… Elle était si loin ; comment la vois-je maintenant si près ? Je la sauve, et elle est doublement à moi. Courage ! ô Mères ! Mères, exaucez-moi ! Celui qui l’a connue ne peut plus se détacher d’elle !

L’ASTROLOGUE.

Que fais-tu ? Faust ! Faust ! — De force il la saisit ; déjà l’image s’est troublée. Il attaque le jeune homme avec la clef ; il le touche. Malheur à nous ! malheur !… Hélas ! hélas !


Explosion. Faust tombe à terre. Les Esprits se fondent en vapeur.