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FAUST.

Ce petit objet !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Touche-la, et tu apprécieras ce qu’elle vaut.

FAUST.

Elle croît dans ma main ! elle s’enflamme ! elle éclaire !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

T’aperçois-tu de ce qu’on possède en elle ? Cette clef sentira pour toi la place que tu cherches. Laisse-toi guider par elle, et tu parviendras près des Mères.

FAUST, frémissant.

Des Mères ! cela me frappe toujours comme une commotion électrique. Quel est donc ce mot que je ne puis entendre ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ton esprit est-il si borné qu’un mot nouveau te trouble ? Veux-tu n’entendre rien toujours que ce que tu as entendu ? Tu es maintenant assez accoutumé aux prodiges pour ne point t’étonner de ce que je puis dire au delà de ta portée.

FAUST.

Je ne cherche point à m’aider de l’indifférence ; la meilleure partie de l’homme est ce qui tressaille et vibre en lui. Si cher que le monde lui vende le droit de sentir, il a besoin de s’émouvoir et de sentir profondément l’immensité.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Descends donc ! je pourrais dire aussi bien : monte ; c’est la même chose. Échappe à ce qui est, en te lançant dans les vagues régions des images. Réjouis-toi au spectacle du monde qui depuis longtemps n’est plus. Le mouvement de la terre entraîne les nuages ; agite la clef et tiens-la loin de ton corps.