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Une galerie sombre.


FAUST, MÉPHISTOPHÉLÈS.


MÉPHISTOPHÉLÈS.

Pourquoi m’amènes-tu dans ce passage écarté ? Il n’y a ici nul plaisir ; il nous faut retourner dans cette foule bigarrée de la cour, où notre magie a tant de succès.

FAUST.

Ne me parle pas ainsi ; tu as dans tes vieux jours usé tout cela à tes semelles ; cependant, ta manière d’agir à présent ne tend qu’à me manquer de parole. Moi, au contraire, je suis tourmenté ; le maréchal et le chambellan me poussent, l’empereur veut que cela se fasse sur-le-champ… Il veut voir Hélène et Pâris, le modèle des hommes et celui des femmes ; il veut les voir en figures humaines. Vite donc à l’œuvre, je ne saurais manquer à ma parole.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ta légèreté à promettre était imprudence.

FAUST.

Tu n’as pas, compagnon, réfléchi non plus jusqu’où ces artifices nous conduiront. Nous avons commencé par le rendre riche ; maintenant, il veut que nous l’amusions.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tu crois que tout se fait si vite !… Nous touchons ici à des obstacles plus rudes : tu vas mettre la main sur un domaine étranger, et te faire inconsidérément de nouvelles obligations. Tu comptes évoquer aisément Hélène, comme le fantôme du papier-monnaie, avec des sorcelleries empruntées, avec des fantasmagories postiches… J’appelle aisément à mon service les sorcières, les nains et les monstres ; mais de telles héroïnes ne servent point aux amourettes du diable.