Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne se tient sur ses pieds ordinaires. Vous dansez maintenant comme nous autres hommes.

LA BELLE, dansant.

Qu’est-ce qu’il veut dans notre bal, celui-ci ?

FAUST, dansant.

Eh ! il est le même en tout. Il faut qu’il juge ce que les autres dansent. S’il ne trouvait point à dire son avis sur un pas, le pas serait comme non avenu. Ce qui le pique le plus, c’est de vous voir avancer. Si vous vouliez tourner en cercle, comme il fait dans son vieux moulin, à chaque tour, il trouverait tout bon, surtout si vous aviez bien soin de le saluer.

PROCTOPHANTASMIST.

Vous êtes donc toujours là ! Non, c’est inouï. Disparaissez donc ! Nous avons déjà tout éclairci ; la canaille des diables ne connaît aucun frein ; nous sommes bien prudents, et cependant le creuset est toujours aussi plein. Que de temps n’ai-je pas employé dans cette idée ! et rien ne s’épure. C’est pourtant inouï.

LA BELLE.

Alors, cesse donc de nous ennuyer ici.

PROCTOPHANTASMIST.

Je le dis à votre nez, Esprits : je ne puis souffrir le despotisme d’esprit ; et mon esprit ne peut l’exercer. (On danse toujours.) Aujourd’hui, je le vois, rien ne peut me réussir. Cependant je fais toujours un voyage, et j’espère encore à mon dernier pas mettre en déroute les diables et les poëtes.

    mède suivant, la satire de quelques souverains, ministres et poëtes de son temps, en employant la manière d’Aristophane. C’est pour donner l’œuvre entière que nous traduisons mot à mot ces passages, dont l’ironie n’est pas toujours saisissable, même pour nous. Madame de Staël avait eu raison, sans doute, de proclamer Faust une œuvre intraduisible. Mais comment cacher aux Français un poëme dont elle a dit ailleurs : « Il fait réfléchir sur tout, et sur quelque chose de plus que tout ? »