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minable entremetteuse, j’espérerais trouver de quoi racheter de reste tous mes péchés !

MARGUERITE.

Mon frère ! Ô peine d’enfer !

VALENTIN.

Je te le dis, laisse là tes larmes ! Quand tu t’es séparée de l’honneur, tu m’as porté au cœur le coup le plus terrible. Maintenant, le sommeil de la mort va me conduire à Dieu, comme un soldat et comme un brave.

Il meurt.




L’église. — Messe, orgue et chant.


MARGUERITE, parmi la foule ; LE MAUVAIS ESPRIT, derrière elle.


LE MAUVAIS ESPRIT.

Comme tu étais tout autre, Marguerite, lorsque, pleine d’innocence, tu montais à cet autel, en murmurant des prières dans ce petit livre usé, le cœur occupé moitié des jeux de l’enfance, et moitié de l’amour de Dieu ! Marguerite, où est ta tête ? que de péchés dans ton cœur ! Pries-tu pour l’âme de ta mère, que tu fis descendre au tombeau par de longs, de bien longs chagrins ? À qui le sang répandu sur le seuil de ta porte ? — Et dans ton sein, ne s’agite-t-il pas, pour ton tourment et pour le sien, quelque chose dont l’arrivée sera d’un funeste présage ?

MARGUERITE.

Hélas ! hélas ! puissé-je échapper aux pensées qui s’élèvent contre moi !

CHŒUR.

Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favillâ[1].

L’orgue joue.

  1. Du Seigneur la juste colère
    Réduira le siècle en poussière.