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célibataire, c’est ce que personne n’a fait encore avec succès.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je vois avec effroi venir cela de loin.

MARTHE.

C’est pourquoi, digne monsieur, il faut vous consulter à temps.

Ils passent.
MARGUERITE.

Oui, tout cela sort bientôt des yeux et de l’esprit : la politesse vous est facile, mais vous avez beaucoup d’amis plus spirituels que moi.

FAUST.

Ô ma chère ! ce que l’on décore tant du nom d’esprit n’est souvent plutôt que sottise et vanité.

MARGUERITE.

Comment ?

FAUST.

Ah ! faut-il que la simplicité, que l’innocence, ne sachent jamais se connaître elles-mêmes et apprécier leur sainte dignité ! Que l’humilité, l’obscurité, les dons les plus précieux de la bienfaisante nature…

MARGUERITE.

Pensez un seul moment à moi, et j’aurai ensuite assez le temps de penser à vous.

FAUST.

Vous êtes donc toujours seule ?

MARGUERITE.

Oui, notre ménage est très petit, et cependant il faut qu’on y veille. Nous n’avons point de servante, il faut faire à manger, balayer, tricoter et coudre, courir, soir et matin ; ma mère est si exacte dans les plus petites choses !… Non qu’elle soit contrainte à se gêner beau-