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de faire comprendre à l’esprit germanique, pour qu’il puisse se les assimiler, les beautés, les chefs-d’œuvre des autres nations ; le mouvement littéraire de l’époque de la Restauration en France excite surtout l’intérêt du poëte et du penseur. Faust résume le travail de cette vie si remplie ; il a publié, en 1790, les premières scènes de cette œuvre ; c’est une légende populaire dont il a fait un drame d’un sens naïvement profond ; c’est une poésie franche et pleine de vie ; il la complète en 1807 ; c’est déjà un drame symbolique, qui renferme autant d’idées que de sentiments, autant de métaphysique que de poésie. Dans la seconde partie, publiée en 1831, c’est l’allégorie qui domine ; les personnages vivants ont disparu ; sous les figures mythologiques, les sorciers, les fantômes du moyen âge, sous les noms d’Hélène et de Méphistophélès, de Marguerite et de Faust, au milieu des obscurités les plus bizarres, et malgré de magnifiques épisodes, on ne découvre plus avec peine que des systèmes philosophiques, esthétiques, scientifiques, mêlés à la satire et aux épigrammes ; c’est comme un miroir, souvent resplendissant, souvent couvert de nuages poétiques, qui reproduit les transformations de la pensée de l’écrivain. — En 1830, la grande lutte scientifique de Geoffroy Saint-Hilaire et de Cuvier, au sujet de cette loi d’unité dominant la composition des corps vivants, que soutenait le premier de ces illustres savants, passionne Gœthe, qui trouve là la consécration éclatante des études d’une partie de sa vie ; et c’est après avoir rendu compte pour l’Allemagne de ce mémorable débat, que Gœthe meurt sans souffrance, à Weimar, plein d’an-