prières, et flaire chaque meuble l’un après l’autre, pour voir s’il est saint ou profane ; ayant, à la vue des bijoux, clairement jugé que ce n’était pas là une grande bénédiction : « Mon enfant, s’écria-t-elle, bien injustement acquis asservit l’âme et brûle le sang : consacrons-le tout à la mère de Dieu, et elle nous réjouira par la manne du ciel ! » La petite Marguerite fit une moue assez gauche : « Cheval donné, pensa-t-elle, est toujours bon : et vraiment celui qui a si adroitement apporté ceci ne peut être un impie. » La mère fit venir un prêtre : celui-ci eut à peine entendu un mot de cette bagatelle, que son attention se porta là tout entière, et il lui dit : « Que cela est bien pensé ! celui qui se surmonte ne peut que gagner. L’Église a un bon estomac, elle a dévoré des pays entiers sans jamais cependant avoir d’indigestion. L’Église seule, mes chères dames, peut digérer un bien mal acquis. »
C’est son usage le plus commun ; juifs et rois le peuvent aussi.
Il saisit là-dessus colliers, chaînes et boucles, comme si ce ne fût qu’une bagatelle, ne remercia ni plus ni moins que pour un panier de noix, leur promit les dons du ciel… et elles furent très-édifiées.
Et Marguerite ?
Elle est assise, inquiète, ne sait ce qu’elle veut, ni ce qu’elle doit ; pense à l’écrin jour et nuit, mais plus encore à celui qui l’a apporté.
Le chagrin de ma bien-aimée me fait souffrir : va vite me chercher un autre écrin : le premier n’avait pas déjà tant de valeur.
Oh ! oui, pour monsieur tout est enfantillage !