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MÉPHISTOPHÉLÈS.

Point de nom pareil, femme, je t’en prie !

LA SORCIÈRE

Pourquoi ? que vous a-t-il fait ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Depuis bien des années, il est inscrit au livre des fables ; mais les hommes n’en sont pas pour cela devenus meilleurs : ils sont délivrés du malin ; mais les malins sont restés. Que tu m’appelles monsieur le baron, à la bonne heure ! Je suis vraiment un cavalier comme bien d’autres : tu ne peux douter de ma noblesse ; tiens, voilà l’écusson que je parte !

Il fait un geste indécent.
LA SORCIÈRE rit immodérément.

Ah ! ah ! ce sont bien là de vos manières ! vous êtes un coquin comme vous fûtes toujours !

MÉPHISTOPHÉLÈS, à Faust.

Mon ami, voilà de quoi t’instruire ! C’est ainsi qu’on se conduit avec les sorcières.

LA SORCIÈRE

Dites maintenant, messieurs, ce que vous désirez.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Un bon verre de la liqueur que tu sais, mais de la plus vieille, je te prie, car les années doublent sa force.

LA SORCIÈRE

Bien volontiers ! j’en ai un flacon dont quelquefois je goûte moi-même : elle n’a plus la moindre puanteur, je vous en donnerai un petit verre. (Bas, à Méphistophélès.) Mais si cet homme en boit sans être préparé, il n’a pas, comme vous le savez, une heure à vivre.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est un bon ami, elle ne peut que lui faire du bien ; je