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placer au premier rang. En 1772, il a donné Gœtz de Berlichingen, drame en cinq actes, où il peint en traits énergiques l’Allemagne confuse du xvie siècle ; en 1774, il a publié les Souffrances du jeune Werther, roman dans lequel il nous montre les douleurs des âmes amollies du xviiie siècle, l’état de l’Allemagne morale à la veille des grandes révolutions qui se préparent. Le livre eut un immense succès en Allemagne et dans toute l’Europe. Deux drames, Clavijo (1774), dont le sujet est emprunté aux Mémoires de Beaumarchais, et Stella (1775), se rattachent à la même inspiration que Werther. À la même époque de sa vie, Gœthe jette les ébauches de plusieurs ouvrages qu’il termina dans un âge plus avancé, et publie ces Lieds qui renouvellent la poésie lyrique de son pays (le Calme de la mer, l’Innocence, le Sentiment d’Automne, le Lied nocturne du Voyageur), ces ballades d’un art si délicat et si parfait (le Roi de Thulé, le Chant du Comte prisonnier, etc.). — À Weimar, les dissipations de la cour n’étouffent pas son génie, mais rendent ses productions plus rares ; il n’a publié, de 1775 à 1786, que des opéras sans grande valeur, une jolie comédie, le Frère et la Sœur, quelques pièces lyriques. Mais son voyage en Italie, 1786, devint pour lui une source nouvelle d’inspirations : il écrivit à Florence les scènes les plus belles de Torquato Tasso, il termina à Rome Iphigénie ; il méditait Faust, Egmont, Wilhelm Meister, Hermann et Dorothée. Iphigénie en Tauride (1787) est l’une des grandes pages de l’art moderne, qui s’inspire de l’antique, mais qui est animé du souffle chrétien ; on a dit que le Comte d’Egmont (1788), la plus