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les théâtres n’emprunteront du sujet que ce qui convient à l’effet dramatique, et que la scène française ne pourrait se prêter à développer toute la philosophie de la première partie, et beaucoup de passages originaux de la seconde.

Je dois maintenant rendre compte de mon travail dont on pourra contester le talent, mais non l’exactitude. Des deux traductions publiées avant la mienne, l’une brillait par un style harmonieux, une expression élégante et souvent heureuse, mais peut-être son auteur, M. de Saint-Aulaire, avait-il trop négligé, pour ces avantages, la fidélité qu’un traducteur doit à l’original ; on peut même lui reprocher les suppressions nombreuses qu’il s’est permis d’y faire, car il vaut mieux, je crois, s’exposer à laisser quelques passages singuliers ou incompréhensibles, que de mutiler un chef-d’œuvre. M. Stapfer a fait le contraire, tout ce qui avait un sens a été traduit et même ce qui n’en avait pas, ou ne nous paraissait pas en avoir. Cette méthode lui a mérité de grands éloges, et c’est aussi celle que j’ai tenté de suivre, parce qu’elle n’exige que beaucoup de patience, et entraîne moins de responsabilité. Au reste, cette prétention de tout traduire exposera aux yeux de beaucoup de personnes, ma prose et mes vers à paraître martelés et souvent insignifians ; je laisse à ceux qui connaissent l’original à me laver de ce reproche, autant que possible, car il est reconnu que Faust renferme certains passages, certaines allusions, que les Allemands eux-mêmes ne peuvent comprendre ; en revanche, je dirai avec le traducteur que je viens de citer :

« Il me reste à protester contre ceux qui, après la lecture de cette traduction, s’imagineraient