Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

précisément une condition de domesticité, mais qui n’était pas non plus ce qu’aurait pu attendre une personne de la famille.

Cependant l’orpheline n’avait pas essuyé d’abord toutes les mortifications auxquelles cette situation pouvait l’exposer. Mrs. Tyrrel était impérieuse et hautaine, mais n’avait pas un mauvais cœur. La femme qui gouvernait la maison sous le titre de femme de charge était une personne qui avait autrefois vécu dans l’indépendance, et qui était d’un caractère droit et aimable. Elle conçut de bonne heure de l’amitié pour la petite Émilie, qui, dans le fait, était presque exclusivement abandonnée à ses soins. De son côté, Émilie répondit de tout cœur à l’affection de son institutrice, et apprit avec la plus grande docilité tout ce que Mrs. Jakeman pouvait lui enseigner. Mais, par-dessus tout, elle prit d’elle son caractère franc et enjoué. Comme Mrs. Jakeman, elle s’accoutuma à voir tous les événements de la vie du côté le plus agréable et le plus consolant. Aucune pensée indélicate ne souillait cette âme naïve, et elle n’avait aucun besoin de déguiser ses sentiments. Outre les avantages qu’Émilie retirait des soins de Mrs. Jakeman, elle avait encore la permission de prendre des leçons des maîtres qui venaient à Tyrrel-Place pour l’éducation de son cousin ; et, comme le jeune gentillâtre avait toujours quelque indisposition de commande pour se dispenser de les écouter, ils n’auraient eu pour l’ordinaire rien à faire au logis sans la présence de miss Melville. Mrs. Tyrrel encouragea donc pour cette raison les études d’Émilie ;