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beach, dans le comté de Cambridge. Fils et petit-fils d’un ministre dissident, enfant remarquable, nous dit-il, par sa docilité et son goût pour l’instruction, on put facilement le décider à se destiner, comme son grand-père et son père, aux fonctions ecclésiastiques. Il dirigea pendant cinq ans un petit troupeau d’unitaires, prêcha exactement et publia même un volume de sermons ; mais, au bout de ce terme, soit qu’il fût déjà dégoûté de sa paisible existence de pasteur, soit qu’un voyage qu’il fit à Londres imprimât tout à coup un autre cours à ses idées, il laissa là ses ouailles et préféra vivre obscurément de sa plume dans la capitale. C’était en 1783, il était pauvre : il ne nous dit pas quels furent les écrits qui lui procurèrent de quoi vivre ; mais ils le recommandèrent sans doute aux hommes politiques de l’opposition, car il fréquenta Fox et Sheridan, se lia avec Hardy, Horne Tooke, Holcroft et Thelwal ; et, quand la crise de 1789 éclata en Europe, l’ex-pasteur unitaire fut un de ces publicistes qui saluèrent avec enthousiasme la Révolution française.

Son ouvrage sur la Justice politique, publié en 1793, se ressent de ses opinions démocratiques. Cet ouvrage fit du bruit et provoqua une vive polémique. Quelques amis de l’auteur, surtout les quatre derniers que nous venons de nommer, étaient encore plus exaltés que lui ; ils se compromirent au point d’être cités en justice : procès fameux dans les annales du barreau anglais. Godwin faillit être prévenu de conspiration avec ses amis ; mais cela ne lui ôta pas le courage de les défendre par un pamphlet qui eut une immense publicité. Grâce à ce plaidoyer éloquent, il put même s’attribuer en partie le verdict de leur acquittement.