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être dans les mains de M. Falkland pour ramener ainsi, d’une manière irrésistible, dans la sphère de son autorité, l’objet de sa persécution ; réflexion qui ne laissait pas de décourager un peu cette soif d’indépendance qui était alors la passion dominante de mon âme.

Mais ce n’était pas le moment des réflexions. Pour l’homme opprimé et malheureux, les événements paraissent s’écarter de leur cours naturel, tandis qu’entraîné lui-même avec eux par une force insurmontable, tous ses efforts ne peuvent en modérer la rapidité. On me laissa seulement quelques instants pour me recueillir, et l’on procéda à l’instruction de mon procès. Je fus conduit à la bibliothèque où j’avais passé tant de moments heureux dans les plus paisibles méditations. Là, je trouvai M. Forester et trois ou quatre des gens de la maison, déjà assemblés, et qui m’attendaient ainsi que mon accusateur. Tout était disposé de manière à me faire sentir que je n’avais à compter que sur la justice des parties intéressées, et que je ne devais rien attendre de leur merci. M. Falkland entra par une porte presqu’au moment où j’entrais par l’autre.



FIN DU TOME PREMIER