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vertissement qu’il venait de m’intimer d’un ton si impérieux et si significatif pour juger nécessaire de prendre quelques précautions contre un pareil événement. Quant à moi, ravi de la manière favorable dont s’était terminée ma sortie, j’en tirai un excellent augure pour le succès final.


XXI


Le premier plan qui m’était venu à l’idée, c’était de gagner la grande route la plus voisine, et de prendre le premier carrosse public allant à Londres. J’imaginai que je serais là plus à l’abri des recherches, si la vengeance de M. Falkland le portait à me poursuivre, et je ne doutai pas de trouver bientôt parmi les ressources multipliées de la capitale une manière avantageuse de placer ma personne et mes talents. Dans mon arrangement, je réservais M. Forester comme une dernière ressource, à laquelle je n’aurais recours que dans le cas où j’aurais besoin d’une protection directe contre les traits du pouvoir et de la persécution. Ce qui me manquait surtout, c’était cette expérience du monde qui peut seule nous rendre féconds en ressources ou au moins nous rendre capables de faire une juste comparaison entre celles qui s’offrent à nous.