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pour et contre mon projet, apercevoir de quel côté se trouvaient la prudence, la vérité, le sens commun, mais que j’étais forcé de dire encore : je suis entraîné par un maître plus énergique et plus puissant que vous.

Je ne fus pas longtemps à exécuter ce que j’avais si promptement résolu. Je fixai le soir même pour l’époque de mon évasion. J’avais peut-être, même dans un intervalle aussi court, le temps suffisant pour délibérer. Mais toute réflexion était inutile ; mon parti était pris, et chaque moment qui s’écoulait ne faisait qu’ajouter à l’impatience inexprimable avec laquelle je brûlais de me mettre en liberté. L’emploi de toutes les heures était arrêté régulièrement dans la maison ; et celle que je choisis pour mon entreprise, ce fut une heure du matin. Je descendis tranquillement de ma chambre, une lampe à la main ; je suivis un passage qui conduisait à une petite porte donnant sur le jardin ; ensuite je traversai le jardin jusqu’à une barrière qui séparait une allée d’ormes et un sentier du dehors de la maison.

À peine pouvais-je en croire ma bonne fortune quand je vis l’exécution de mon projet aussi avancée, sans qu’il se fût présenté le moindre obstacle. Les images terribles que les menaces de M. Falkland me mettaient sans cesse devant les yeux me faisaient craindre de me voir arrêté et découvert à chaque pas, quoique la passion qui m’entraînait me fît toujours avancer avec la résolution du désespoir. Apparemment qu’il comptait trop sur l’effet de l’a-