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de tous ceux que j’aurais pu redouter, vint nous interrompre. Sans se faire annoncer, et comme si la foudre l’eût lancé sur nous, M. Falkland parut dans la chambre. J’appris ensuite que M. Forester était venu jusqu’à cet endroit pour aller à la rencontre de M. Falkland, avec lequel il avait rendez-vous à la poste voisine. M. Forester avait été retenu dans l’auberge où nous étions par notre conversation, qui lui avait fait un moment oublier son rendez-vous, tandis que M. Falkland, ne le trouvant pas au lieu indiqué, était venu en avant jusque-là sur la route de la maison de son parent. Mais, pour moi, cette rencontre était alors la chose la plus inexplicable du monde.

En un instant je prévis l’affreuse complication de malheurs que renfermait cet événement. Aux yeux de M. Falkland, l’entrevue que je venais d’avoir avec son parent devait paraître l’effet non du hasard, mais d’un projet concerté. J’étais entièrement hors de la route du lieu où il m’avait envoyé, et dans un chemin qui conduisait directement à la maison de M. Forester. Que devait-il penser de ceci ? Pour quel motif me pouvait-il supposer en cet endroit ? La vérité, c’est-à-dire que j’étais venu là sans dessein et simplement parce que je m’étais égaré, aurait paru le mensonge le plus impudent qu’on eût jamais inventé.

Me voilà donc pris sur le fait, et en relation avec l’homme dont la société m’avait été si sévèrement interdite. Mais, dans la circonstance, cette relation avait un caractère bien différent de celle qui avait