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fications et à des traverses sans exemple, et je ne puis plus laisser ainsi continuellement sonder mes blessures.

— Je sens, monsieur, répondis-je, combien j’ai eu tort, et je suis honteux que quelqu’un comme moi ait pu vous causer tant de déplaisir et d’inquiétude. Je l’ai bien senti dans le temps, mais j’ai été entraîné malgré moi, sans savoir comment. J’ai toujours voulu m’arrêter, mais le démon qui me possède est plus fort que moi. Je ne sais rien, monsieur, que ce que m’a appris M. Collins. Il m’a raconté l’histoire de M. Tyrrel, de miss Melville et de Hawkins ; bien sûrement, monsieur, il ne m’a rien dit qui ne fût à votre honneur, et qui ne me prouvât que vous êtes un ange plutôt qu’un homme.

— Fort bien, monsieur ; j’ai trouvé l’autre jour une lettre écrite par ce Hawkins ; cette lettre ne vous était-elle pas tombée entre les mains ? ne l’avez-vous pas lue ?

— Pour l’amour de Dieu, monsieur, renvoyez-moi de votre maison ; punissez-moi de manière ou d’autre, pour que je puisse me pardonner à moi-même. Je suis un insensé, un misérable, le plus méprisable des hommes : je l’avoue, monsieur, j’ai lu cette lettre.

— Et comment avez-vous osé la lire ? cela est certainement très-mal à vous ; mais nous y reviendrons tout à l’heure. Eh bien, qu’est-ce que vous avez dit de cette lettre ? Vous savez, à ce qu’il paraît, que Hawkins a été pendu.

— Ce que j’en ai dit, monsieur… oh ! c’est pour