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un des tiroirs, et auquel on n’avait pas pris garde. Dans un autre temps, ma curiosité aurait peut-être cédé aux principes de la délicatesse, et j’aurais rendu le papier sans l’ouvrir à mon maître, à qui il appartenait. Mais tout ce qui avait précédé avait trop vivement excité en moi le désir d’acquérir des éclaircissements, pour me permettre de négliger l’occasion qui s’offrait. Le papier se trouva être une lettre de Hawkins père, et il paraissait, d’après son contenu, qu’elle avait été écrite à l’époque où il avait commencé à songer à se dérober par la fuite aux persécutions de M. Tyrrel. Elle était ainsi conçue :


« Mon honorable monsieur,

» J’ai été pendant quelque temps dans l’espérance que Votre Honneur serait de retour d’un jour à l’autre dans nos cantons. Le vieux Warnes et sa femme, qui sont restés pour garder votre maison, m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas m’informer au juste quand cela serait, ni me dire en quel endroit de l’Angleterre vous étiez pour le moment. Quant à ce qui me regarde, le malheur m’en veut à tel point, qu’il faut que je prenne un parti ; c’est une chose bien sûre, et cela tout de suite. Notre squire, qui m’a d’abord traité avec assez de bonté, il faut que j’en convienne, quoique j’aie bien peur qu’il l’ait fait en partie pour faire pièce au squire Underwood, a résolu depuis de me perdre tout à fait. Au moins, monsieur, je ne me suis pas laissé écraser comme un ver, je me suis défendu de mon