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pable ? ou bien, est-ce l’indignation d’un homme d’honneur injustement accusé d’un crime ?


XIV


Le lecteur doit voir avec quelle rapidité j’avançais au bord du précipice. J’avais bien un sentiment confus qui m’avertissait de ce que j’allais faire, mais je ne pouvais m’arrêter. Est-il possible, me disais-je, que M. Falkland, accablé comme il l’est de l’idée de s’être vu injustement déshonoré à la face de la terre, veuille supporter plus longtemps la présence d’un indiscret et importun jeune homme qui est sans cesse à lui ramener son déshonneur sous les yeux, et qui semble le plus acharné à entretenir une odieuse imputation ?

À la vérité, je sentais que M. Falkland ne se déciderait pas facilement à me renvoyer, par la même raison qui le faisait s’abstenir de beaucoup d’autres actions qui auraient pu déceler en lui une sensibilité trop chatouilleuse et trop prompte à prendre ombrage. Mais cette réflexion était fort peu consolante. Qu’il allât nourrir contre moi dans son cœur une haine toujours croissante, et qu’il se crût forcé de me retenir auprès de lui comme une croix dont on ne peut se délivrer, c’était une idée qui ne me promettait rien de bon pour ma tranquillité à venir.

Ce fut quelque temps après ceci, qu’en vidant un bureau, j’aperçus un papier qui avait glissé derrière