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l’estime et de l’affection publiques ; mais il n’était que trop évident que la mélancolie qui s’était emparée de son âme était dès lors insurmontable.

» Ce ne fut que quelques semaines après cette mémorable scène que le véritable meurtrier fut découvert. Chaque partie de cette histoire est réellement extraordinaire : le véritable meurtrier était Hawkins. Il fut trouvé avec son fils dans un village à environ quinze lieues de là, caché sous un faux nom et manquant des premières nécessités de la vie. Depuis l’époque de sa fuite, il avait vécu dans cette retraite d’une manière si retirée, que ni l’active bienfaisance de M. Falkland, ni la méchanceté infatigable de M. Tyrrel, n’avaient pu, après toutes les recherches possibles, venir à bout de le découvrir. Le premier indice qui avait mis sur la trace du coupable était quelques lambeaux de vêtements ensanglantés qu’on avait trouvés dans un fossé, et qui furent reconnus par les gens du village pour appartenir à ce malheureux. Le meurtre de M. Tyrrel était un événement qui avait fait assez de bruit, et les soupçons se portèrent bien vite sur Hawkins. On fit les perquisitions les plus rigoureuses, et dans un coin de son logement on aperçut un manche de couteau avec une partie de la lame, laquelle, ayant été rapprochée de la pointe qui s’était rompue dans la blessure du mort, parut y correspondre exactement. Sur de nouvelles informations, deux paysans qui s’étaient trouvés par hasard sur le lieu se rappelèrent avoir vu Hawkins et son fils dans la ville le soir même de l’événement, et déclarèrent les avoir appelés à plu-