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lui-même eût pu se faire idée du supplice qu’il infligeait à son ennemi, peut-être, à quelque point qu’il fût provoqué, eût-il hésité dans sa vengeance. Le désordre des éléments furieux et en guerre les uns contre les autres donne à peine une image de la situation d’âme de M. Falkland ; tout ce que pourrait inventer la cruauté la plus raffinée eût été méprisable en comparaison de ses tortures. Il eût voulu être anéanti mille fois, être plongé dans un abîme éternel d’oubli et de nullité. L’horreur, l’exécration, la vengeance, un désir inexprimable de secouer le mal qui l’accablait, et une conviction désespérante de l’impuissance de ses efforts, tels étaient les sentiments qui déchiraient son âme.

Un autre événement termina l’histoire de cette mémorable soirée. M. Falkland perdit le seul moyen de réparation qui pût encore lui rester. M. Tyrrel avait été tué à quelques pas du lieu de l’assemblée, et il fut trouvé mort dans la rue par des membres du cercle.


XII


Je vais tâcher de laisser parler M. Collins lui-même dans ce qui me reste à raconter. Le lecteur a pu déjà s’apercevoir que M. Collins n’était pas un homme ordinaire, et les réflexions que je lui ai entendu faire sur ce sujet m’ont paru extrêmement judicieuses.