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hommes qui la composaient qu’on refuserait la porte à M. Tyrrel, comme à quelqu’un qu’on ne pouvait plus voir. Cette décision lui avait été notifiée par une lettre du maître des cérémonies ; mais avec un homme de la trempe de M. Tyrrel un pareil avis était plutôt un défi qu’une exclusion. Le maître des cérémonies, qui avait aperçu son équipage, vint au-devant de lui à la porte de l’assemblée, pour lui réitérer l’avertissement ; mais M. Tyrrel l’écarta de l’air du plus grand mépris, et entra d’autorité. Tous les yeux se tournèrent sur lui ; il fut un moment entouré de tous les hommes qui étaient dans la salle. Les uns tâchèrent de le repousser dehors ; d’autres voulurent entrer en explication. Mais il trouva le secret de se débarrasser des uns et de réduire les autres au silence. Sa stature athlétique et cette longue habitude qu’on avait eue de se soumettre à l’ascendant de son esprit étaient autant de circonstances en sa faveur. Il se regardait comme jouant un coup de désespoir, et il avait fait provision d’audace en proportion de l’intérêt de la partie. Débarrassé de tous ces insectes bourdonnants qui l’avaient d’abord assailli, il se mit à traverser la salle en long et en large d’un air de maître ; et, après avoir lancé de tous les côtés des regards sombres et courroucés, il rompit le silence : « S’il y avait quelque personne qui eût quelque chose à lui dire, il saurait lui répondre en temps et lieu convenable. Toutefois, il conseillait fort à cette personne de bien prendre garde à ce qu’elle allait faire. Si c’était de lui personnellement