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que ce qui est autorisé par la loi. Si elle est morte, personne ne peut dire que ce soit ma faute.

— Votre faute ! monsieur Tyrrel, tout le monde vous maudit et vous abhorre. Parce que les hommes portent quelquefois du respect au rang et à la richesse, seriez-vous assez insensé pour croire qu’un forfait comme le vôtre trouvera une excuse ? Ne vous l’imaginez pas ; on rirait de cette folle prétention. Le dernier mendiant des rues va vous mépriser comme la boue. Ah ! vous avez raison de rester interdit et confondu de ce que vous avez fait. Je publierai votre infamie au monde entier, et il n’existera pas une seule créature humaine dont vous osiez soutenir les regards.

— Bonne femme, reprit M. Tyrrel accablé d’humiliation, ne me parlez pas sur ce ton-là, s’il vous plaît… Emmy n’est pas morte, j’en suis sûr… j’espère… Non, elle n’est pas morte… Avouez-moi seulement que vous avez voulu me tromper, et je vous pardonne tout… Je lui pardonne à elle-même, j’oublie tout… je l’aimerai plus que jamais. Je ferai tout ce que vous voudrez… Je ne lui ai jamais voulu de mal… jamais.

— Je vous dis qu’elle est morte. Vous avez tué la plus douce, la plus aimable créature qu’il y eût au monde. Pouvez-vous lui redonner la vie comme vous avez pu la lui ôter ? Ah ! si vous en aviez le pouvoir, comme vous me verriez à vos genoux, comme je resterais à vos pieds jusqu’à ce que vous me l’eussiez rendue !… Qu’avez-vous fait, misérable ? vous êtes-vous cru le maître de faire et